Opinion : peut-on vivre sans Amazon ?

Cela fait un moment que j’avais envie d’évoquer ce sujet pour partager simplement mon expérience. Je n’avais pas vraiment suivi mais en décembre dernier, la question du boycott d’Amazon a été soulevée, notamment avec une pétition. La presse en a donc discuté un peu. Un journaliste remarque :

Pour ou contre, difficile aujourd’hui de faire sans le géant. Meilleur signe, en clin d’œil : la page web de la pétition qui appelle aujourd’hui à son boycott est hébergée… chez Amazon.

Face aux appels au boycott et à une « taxe Amazon », le géant se défend, LCI, 17/11/2020

Et effectivement, une des meilleures réussite du business d’Amazon n’est pas dans le commerce en ligne, mais sa plateforme AWS — une plateforme de services web en ligne d’une diversité étonnante que Google et Microsoft peinent à concurrencer. Ce n’est pas d’AWS que je parle aujourd’hui, mais bien de la boutique Amazon, le géant de la logistique.

Vivre sans Amazon : mon expérience

Cela fait plus de trois ans maintenant. Depuis septembre 2017, je n’ai plus rien acheté sur Amazon. Depuis décembre 2017, j’ai même cessé d’acheter sur Audible. Je n’achetais pas énormément sur Amazon, mais si je consulte mon historique, ma consommation avait largement augmenté en 2015 et 2016…

Je ne suis pas sûre que le volume des commandes soit représentatif des dépenses effectuées, mais ça vous donne une petite idée de ma consommation de l’époque.

Photo de Negative Space sur Pexels.com

Où est-ce que j’achète depuis ? Comment est-ce que je fais ? Et bien c’est simple, j’achète sur une multitude de sites différents en fonction de mes besoins : sur Fnac ou Darty, CDiscount, Boulanger, sur La Redoute, Asos, Zalando, sur Décathlon, Truffaut, Playmobil, … J’ai acheté des bouquins directement chez l’éditeur, ou sur des petites librairies spécialisées. Avant 2020, j’ai aussi plus acheté en magasin. Mais globalement, je crois que j’ai surtout fait des économies en achetant moins !

Comment est-ce que je gère le fait de devoir créer un compte à chaque fois ? Je pense que c’est un des principaux avantages d’Amazon : on rentre le numéro de carte bleue une fois pour toute, on a un seul mot de passe, et tout est plus simple. Alors oui, c’est plus compliqué d’acheter chez 1000 commerçants différents mais il y a 2-3 trucs qui peuvent aider.

1 Utiliser un gestionnaire de mot de passe. Vous devriez déjà le faire, c’est le meilleur moyen d’utiliser des mots de passe solides, de ne pas avoir à les retenir, et d’en créer de nouveaux sans se prendre la tête. J’utilise Bitwarden, et avec l’extension je me connecte à n’importe quel site en quelques clics. Il y en a d’autres, payants, comme 1Password, je trouve l’extension moins pratique, mais il a peut-être d’autres avantages, je n’ai pas franchement pas fait la comparaison. Pendant longtemps, j’ai simplement utilisé le gestionnaire de Firefox, avec un mot de passe maître : c’est ça qui est important, avoir un bon mot de passe maître !

2 Apprendre son numéro de carte bleue par cœur. Parce que oui, ce qui prend du temps, c’est de devoir trouver la carte et de recopier le numéro. Et 16 chiffres, un mois, une année, et un autre code à 3 chiffres, si on les utilise assez souvent, au final ce n’est pas bien difficile à retenir. Je vous assure que ça change la vie 😁. Et si jamais vous avez la flemme, vous pouvez toujours voir le truc suivant.

3 Utiliser Paypal. Je l’utilise surtout pour les petits achats, pour éviter d’avoir à rentrer à chaque fois le numéro, ou sur les sites auxquels je fais moyennement confiance. La carte bleue est enregistrée une fois, et Paypal est compatible avec un très grand nombre de vendeurs.

4 Avoir une adresse e-mail dédiée. J’ai une adresse e-mail que je n’utilise pratiquement que pour les achats sur internet. Ça me permet surtout d’avoir les pubs toutes au même endroit, et si jamais l’adresse est compromise, les dégâts seront limités.

Pourquoi quitter Amazon ?

On peut faire beaucoup de reproches à Amazon, je ne sais pas si tous sont valides à vrai dire, je retrouve en vrac : plus d’emplois détruits que créés, évasion fiscale, conditions de travail des salariés, …

Photo de WinSon 5293 sur Pexels.com

Pour être honnête, je ne me rappelle plus précisément les raisons qui m’ont amené à la rupture. Je me souviens que je faisais relativement attention à ne pas surconsommer, alors que les premières années j’avais acheté plus de livres que je n’arrivais à en lire.

J’ai eu quelques mauvaises expériences avec la marketplace, notamment une contrefaçon une fois parce que j’avais mal sélectionné le revendeur, ça m’a énervée. Et puis après avoir arrêté un abonnement Premium, je devais systématiquement cliquer que non, je ne voulais pas reprendre Premium, et l’expérience d’achat était bien dégradée.

En 2017, je travaillais dans une boîte de marketing en ligne, ce qui m’a permis de comprendre un peu mieux l’écosystème dans lequel se positionnait Amazon et la mentalité d’ogre de la boîte. Le bouton pour acheter en un clic, tout le monde le voulait, mais Amazon l’avait breveté (oui oui, un truc aussi simple). Le catalogue immense était bien évidemment un atout énorme. La « marketplace » leur permettait de faire de larges bénéfices, tandis qu’ils étaient (et sont probablement toujours, je n’ai pas creusé) déficitaires sur les produits « vendus et expédiés par Amazon ».

La question des « marketplace » est certainement centrale. Elles se sont multipliées depuis quelques années (sur Fnac, Darty, La Redoute, Mano Mano…). Cette idée d’offrir aux plus petits commerçants une plateforme sur laquelle les clients peuvent retrouver leurs produits parmi un plus large catalogue est géniale. Mais elle soulève aussi des questions complexes : quelles sont les conditions offertes à ces petits commerçants ? Si pour un commerçant il est obligatoire d’être sur Amazon pour vendre, n’est-ce pas problématique ?

Tout cela soulève la question du monopole. On sait tous les risques qu’il peut y avoir quand quelqu’un peut abuser de sa position dominante. Au minimum, il me fallait diversifier mes sources d’achat.

Lire deux-trois articles sur les conditions de travail des employés d’Amazon n’a pas arrangé les choses (j’ai trouvé un article plus récent et plus modéré).

Bilan

J’ai encore profité une fois d’Amazon (via mon frère, puisque je n’avais plus Premium) pour la livraison en 24h, parce que mes recherches en magasins avaient été infructueuses et que je m’y étais pris trop tard. Mais depuis, je peux dire que je vis très bien sans Amazon. En exagérant à peine, je pourrais presque dire que je suis plus libre 😊 : je ne perds plus de temps à naviguer sans but précis dans les recommandations d’Amazon, et je sais que si je vais sur un site de e-commerce, c’est (en règle générale) parce que j’ai besoin de quelque chose.

Amazon pénètre aussi dans la grande distribution. Aux États-Unis ils ont racheté Whole Foods, en France ils s’allient à Monoprix… ce sera sûrement de plus en plus difficile d’en être complètement indépendant. En attendant, il me semble intéressant de faire tourner d’autres commerces, petits ou gros, en espérant que la concurrence fonctionne le plus longtemps possible.

Je pourrais dire que je boycotte Amazon, mais en pratique je ne m’interdis pas complètement d’acheter chez eux, c’est plutôt que j’y rechigne, ce serait un dernier recours, dont je n’ai pas besoin 99% du temps…

Et vous, quel est votre rapport à Amazon ?

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